« La pandémie du Covid-19 représente un défi sans précédent avec des conséquences sociales et économiques non négligeables et notamment des répercussions sur la sécurité alimentaire et la nutrition. » Tel est le message qu’ont fait passer la FAO, le Fida, le Programme alimentaire mondial (Pam) et la Banque mondiale dans un communiqué commun fin avril.
Mise en garde sur les perturbations du marché
« La pandémie affecte l’ensemble du système alimentaire, entrave les services logistiques liés à l’industrie alimentaire, perturbe l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement alimentaire et affecte la disponibilité de nourriture », expliquent les organisations internationales. Elles précisent que les impacts sur le travail agricole et sur l’approvisionnement d’intrants sont « problématiques pour la production alimentaire ». Ce qui « compromettra la sécurité alimentaire ») et fera « payer un lourd tribut aux personnes vivant dans les pays les plus pauvres ».
L’agriculture et les services logistiques qui y sont associés doivent « être considérés comme essentiels », plaident les auteurs. Si, jusqu’à fin avril (date de bouclage de ce numéro d’Afrique Agriculture), le marché alimentaire mondial était toujours bien approvisionné, les organisations mettent en garde. Elles font le parallèle avec de précédentes crises : « Face à la crise des prix des produits alimentaires de 2007 et 2008, les réactions induites par la panique, comme les interdictions à l’exportation et les importations massives visant à augmenter les stocks d’approvisionnement alimentaires, ont provoqué d’importantes perturbations du marché », rappellent-elles. Une situation qui avait « entraîné une volatilité des prix ». Et dont les impacts s’étaient révélés « extrêmement néfastes pour les pays à faible revenu et dépendants des importations alimentaires ». Donc, en Afrique !
D’où cette recommandation commune : « Il faut agir de manière collective afin d’assurer le bon fonctionnement des marchés. Cela devrait permettre aux producteurs, aux consommateurs, aux commerçants et aux transformateurs de prendre des décisions éclairées, afin d’empêcher les réactions induites par la panique sur les marchés mondiaux ». Et de mettre en avant le système d’information sur les marchés agricoles. Cette initiative du G20 associe l’expertise de dix organisations internationales pour suivre au plus près les évolutions de prix et d’approvisionnement des produits agroalimentaires à travers le monde.
« Des efforts de relance »
Par ailleurs, la FAO, le Fida, le Pam et la Banque mondiale pensent que les efforts actuels « devraient se focaliser sur le renforcement de l’accès à la nourriture pour les populations pauvres et vulnérables et pour ceux dont les revenus ont été les plus affectés ». Pour cela, elles préconisent « d’adopter des mesures de protection sociale adéquates et d’investir dans des efforts de relance précoce » face à la pandémie.
Les organisations expliquent aussi que la pandémie pourrait avoir des « conséquences directes pour le secteur agricole en raison de conflits en cours ou émergents ou encore de chocs climatiques ». C’est pourquoi elles plaident pour que des investissements soient engagés afin « d’accélérer les efforts de relance pour renforcer la résilience des populations vulnérables ».
Zoom « Une seule santé »
C’est connu, même si ce n’est pas formellement démontré : le pangolin pourrait être à l’origine de la pandémie de Covid-19. Est-ce pour cela ? Toujours est-il que les organisations internationales ont communiqué sur le fait qu’elles « reconnaissent les interconnections entre personnes, animaux, plantes et leur environnement ». D’où leur approche dénommée « Une seule santé ». « Il est nécessaire de porter une attention continue au problème en vue de renforcer la résilience des systèmes alimentaire face à de telles épidémies mais aussi face à d’autres chocs », expliquent-elles.